Qu’est-ce-que le CHN ?

 

Son rôle

Bien souvent, les données d’espèces occasionnelles sont encore considérées comme anecdotiques. Et c’est souvent vrai à un moment donné et à l’échelle locale ! En revanche, lorsqu’elle entre dans un jeu de données élargi dans le temps et l’espace, chaque donnée peut contribuer à la meilleure connaissance du statut d'une espèce et de son évolution. Le pattern d’apparition d’une espèce en marge de son aire de répartition peut effectivement apporter des informations précieuses sur les modifications qui affectent sa population dans son ensemble.

La vocation première du CHN est donc de tenir à jour une base de données concernant les espèces observées occasionnellement en France, d’en garantir la fiabilité et de mettre ces informations à la disposition de tous. Pour cela, le CHN effectue :

  • Un examen de chaque donnée d’espèces rares sur la base d'éléments descriptifs fournis par le ou les observateurs, soit sous la forme d’une fiche envoyée au CHN soit lors de la saisie de données en ligne sur Faune France ou un de ses portails régionaux. Le CHN se prononce en fonction de cette description et d’éventuels documents iconographiques ou sonores joints, en utilisant les critères d'identification les plus récents, publiés dans les ouvrages ou les revues spécialisés sur le sujet. La connaissance de terrain qu'a chaque membre du CHN entre évidemment en ligne de compte pour l'appréciation de la description.
  • Une compilation des données homologuées, de façon à produire une synthèse annuelle couvrant la France métropolitaine. Chaque donnée homologuée est ainsi publiée dans le rapport annuel du CHN (dans la revue Ornithos) et peut donc servir de référence à la communauté ornithologique française et internationale.
  • Une mise à jour régulière de la base de données, désormais consultable en ligne. Des extractions sont réalisées régulièrement, par exemple à destination de personnes souhaitant produire des analyses à l’échelle européenne.
  • Dans le cadre de son étroite collaboration avec la LPO, le CHN se met à disposition du réseau de vérificateurs des bases de données VisioNature en France, pour tout besoin lié à l'identification. Depuis 2023, le CHN émet ses avis sur les données d'espèces occasionnelles directement en ligne sur Faune France.

Enfin, au travers de publications diverses et des avis qu’il peut formuler en réponse aux demandes d’information qui lui sont adressées, le CHN tente aussi de contribuer à l’amélioration de la connaissance des critères d’identification des espèces rares.

 

Son histoire

Le CHN a été fondé en 1983 à l'initiative de Philippe J. Dubois et de Pierre Yésou. Les motivations de sa création étaient, d'une part, que l'ornithologie de terrain prenait une ampleur tout à fait nouvelle en France, et, d'autre part, que l'observation d'espèces occasionnelles ne cessait de croître. D'autre part, il fallait se mettre au diapason des autres pays d'Europe de l'Ouest qui possédaient déjà ce système de validation des observations d'espèces rares, ou étaient en train de le développer.

Douze membres, parmi les plus représentatifs de l'ornithologie française, ont constitué le premier Comité. Le premier rapport, paru dans Alauda en 1984, traitait de 97 fiches pour 1981 et de 119 pour 1982. Au fil des années, le CHN a su gagner la confiance des ornithologues. Si bien qu’avec 400 à 600 fiches étudiées annuellement et une couverture de 100 % du territoire, il a atteint sa maturité.

Les années récentes ont vu le CHN s’adapter aux technologies de l’informatique et du web, à l’origine d’une petite révolution dans les modes de communication des ornithologues. Ainsi, les fiches sont traitées informatiquement depuis 2006 et les avis du CHN sont consultables en ligne depuis 2007. Le CHN s’est associé en 2010 à la création d’un portail national de saisie des données d’oiseaux rares, puis à Faune France en 2023. Les observations d'espèces occasionnelles ayant fait l'objet d'une description sur ce portail y sont désormais traitées directement, au travers d'un module de vote spécifique.

 

Son fonctionnement

Les données sont examinées soit par la plateforme de vote traditionnelle avec les fiches CHN reçues, soit sur la plateforme de vote sur Faune France pour les données qui y sont saisies. Lorsqu'une fiche arrive au secrétariat du CHN (homologation.chn@gmail.com), un accusé de réception est envoyé à l'observateur.

Chaque membre exprime son vote (A = accepté ; R = refusé ; D = à discuter), qu’il assortit d’un commentaire justifiant sa position. Il peut également se déclarer non compétent (NC) ou s’abstenir, par exemple s’il a lui-même trouvé l’oiseau décrit dans la fiche ou est à l’origine de l’identification proposée. Chaque membre choisit par ailleurs d'avoir accès ou non aux avis de ses prédécesseurs. L'acceptation d'une fiche se fait ensuite selon le barème suivant :

  • au terme du premier tour, le secrétaire synthétise les avis recueillis. S’il y a unanimité de « A », la fiche est acceptée, et s’il y a cinq « R » ou plus, la fiche est rejetée. Dans tous les autres cas, un second tour est organisé, chaque membre disposant alors de l’ensemble des avis exprimés au premier tour,
  • au terme de ce second tour, la fiche est acceptée dans les mêmes conditions qu’au premier tour et elle est rejetée s’il y a trois « R » ou plus,
  • dans tous les autres cas, l’examen de la fiche est renvoyé en réunion plénière, qui se tient une fois par an, où elle est rejetée s’il y a deux « R » ou plus, ou quatre abstentions ou plus.

Le Secrétaire a également la possibilité de présenter une fiche en séance plénière quelle que soit la teneur des votes obtenus lors du ou des tours précédents.

Il faut un minimum de huit votes exprimés pour qu’une donnée puisse passer au tour suivant. Cependant, la règle générale est que tous les membres votent sur toutes les données, et les données ne doivent pas passer au tour suivant avant la fin de la durée prévue pour les votes, même si le quorum est atteint. Ce quorum permet simplement de ne pas bloquer un tour de vote en cas d’indisponibilité d’un ou deux membres.

Les « premières » françaises forment un cas particulier et doivent, pour être acceptées, recueillir une unanimité de « A » au terme du premier tour de circulation, du second tour ou de la séance plénière. L'abstention est alors interdite et en cas de plus d'un vote « non compétent » (NC), il est fait appel à l'avis d'un expert. Lorsqu'une « première » est homologuée par le CHN, la fiche est transmise à la Commission de l'Avifaune Française (CAF) qui l'inscrit dans l'une ou l'autre des catégories de la Liste des oiseaux de France.

A partir de 2017, les fiches concernant les espèces en catégories D ou certaines espèces en catégorie E de la CAF, et également pour certaines espèces en catégorie A dont les observations peuvent concerner des individus échappés de captivité, seront reversées vers un groupe de travail mixte CHN-CAF, qui a pris en charge la catégorisation de ces données.

Des fiches, acceptées ou refusées, peuvent faire bien évidemment l'objet d'une révision. Les demandes de révision d'une donnée par le CHN peuvent être présentées par quiconque au Président ou au Secrétaire du comité, en apportant des éléments nouveaux ou en motivant sa demande. L’ensemble des observations d’une espèce ou d’une sous-espèce peut faire l’objet d’une révision, notamment lorsque les connaissances liées à leur identification évoluent, ou lorsque la position taxonomique de tel ou tel taxon change. Pour les révisions des données précédemment évaluées par le CHN, les règles de vote sont différentes. Si la donnée avait été précédemment acceptée, il faut qu’une majorité des membres votant votent « R » pour rejeter la donnée. Si la donnée avait été précédemment refusée, les règles de votes sont les même que pour un premier examen.

Bien entendu, le CHN est en contact permanent avec les autres comités d’homologation européens et son fonctionnement est globalement identique au leur. Le CHN est par ailleurs membre de l'Association des Comités d'Homologation Européens (AERC).

 

Ses perspectives

Il est avant tout nécessaire de rappeler une évidence : le Comité ne fonctionne que grâce au soutien des observateurs. Il existe par eux et pour eux. Pour beaucoup, le Comité d'Homologation National reste une nébuleuse lointaine dont les activités ne sont pas toujours bien connues, voire comprises. Au fil de son existence, le CHN a déployé beaucoup d’efforts pour y remédier, tout en travaillant à la rigueur de son fonctionnement et de sa production. Le CHN doit pourtant se faire connaître mieux encore des ornithologues de terrain. Ce site web s’inscrit dans cet objectif.

Si le fonctionnement global du Comité a aujourd’hui atteint un rythme de croisière, grâce à l’investissement entièrement bénévole de ses membres, le CHN doit se concentrer sur un objectif primordial : traiter le plus de descriptions possibles et contribuer à en améliorer la qualité ! La plupart des données rejetées le sont simplement parce que les descriptions sont trop incomplètes pour permettre aux membres du CHN de garantir l’identité de l’oiseau décrit. Nous invitons donc vivement les ornithologues découvrant le principe de l’homologation à être le plus précis possible dans la description de leur observation.

Une estimation réalisée à partir des observations d’oiseaux rares signalées sur les diverses listes de discussion et base de données en ligne régionales a permis d’estimer à 90% le taux de données « fiables » qui sont soumises au CHN. C’est bien, mais encore insuffisant ! Deux cas de figure se présentent : Celui des observations paradoxalement faites par un grand nombre d'ornithologues, pour lesquelles chacun se dit « c'est l'autre qui fournira la description », si bien qu'elle n'arrive jamais au CHN. Pour éviter ce problème, même si vous n'êtes pas le découvreur, n'hésitez donc pas à remplir une fiche ou à fournir les éléments de description nécessaires lors de la saisie en ligne ! Dans l’autre cas, l’observateur décide de ne pas soumettre son observation, par manque de temps ou par opposition au principe de l’homologation par exemple. C'est dommage car une donnée non soumise est perdue. Par souci de rigueur scientifique mais aussi par commodité, les gestionnaires de bases de données, auteurs de synthèses nationales ou internationales sur une espèce ou un groupe d'espèces se réfèrent aujourd'hui directement aux données homologuées par les comités nationaux et ignorent généralement les mentions non soumises, plus susceptibles d’être erronées et moins faciles à collecter.

Les « ornithos » sont des êtres humains. Les membres du CHN aussi. Chacun sait que pour beaucoup, la découverte d'un oiseau rare est un moment fort qui vient récompenser des heures de terrain. Le Comité sait aussi combien l'observation puis la soumission d'une espèce occasionnelle sont parfois entourées de charge émotionnelle. Ainsi un refus peut-il être vécu comme un affront. Pourtant, il n'en est rien, mais c'est sans doute le message le plus difficile qu'il reste à faire passer.

 

Les membres du CHN

Après appel à candidature publié dans chacun des rapports annuels et sur les réseaux sociaux, deux nouveaux membres sont cooptés pour un mandat de cinq ans. Les nouveaux membres sont généralement choisis en premier lieu pour leurs compétences ornithologiques, mais également pour leurs qualités relationnelles, que ce soit en interne ou au sein de la communauté ornithologique et enfin pour leur disponibilité. Depuis sa création en 1983, près d'une cinquantaine de personnes différentes se sont relayées dans la composition du CHN.

À l'échéance de son mandat, un membre doit attendre un an avant de pouvoir éventuellement représenter sa candidature. Lors de chaque réunion plénière, le CHN élit en son sein un Président et un Secrétaire, qui peuvent éventuellement dépasser le mandat de cinq ans à ces postes. Néanmoins, dans de tels cas, le principe d'une année minimum sans pouvoir de vote est conservé après chaque mandat de cinq ans.

La majeure partie du fonctionnement du Comité repose sur les épaules du Secrétaire et de ses adjoints, qui en sont sans nul doute les pivots. Leur mission première consiste à organiser l'examen des données. Ils sont par ailleurs chargés de la manipulation de la base de données, de la rédaction du rapport annuel et des réponses aux demandes de données. C’est aussi le Secrétaire qui assure le contact avec les ornithologues.

Le rôle du Président est d'assurer la bonne cohésion du CHN, d'être en contact avec chacun des membres ainsi qu'avec nos différents partenaires institutionnels et financiers. Il recherche et contacte des experts dans les cas difficiles où le CHN n'a pu trancher et assure les liens entre le Comité et l'AERC.

Les membres du CHN, quant à eux, assistent au gré de leurs possibilités le Secrétaire et le Président dans leurs missions, ils participent une fois par an à la séance plénière du CHN, ils contribuent à le faire connaître autour d'eux et sollicitent localement des observateurs pour fournir des descriptions.

En 2023, le CHN est composé de : Julien Birard, Jean-François Blanc, Alain de Broyer, Thibaut Chansac, Pierre-André Crochet (Président), Quentin Dupriez, Alexandre Liger, Sébastien Reeber, Sylvain Reyt (Secrétaire) et Hugo Touzé.